Destins croisés
Destins croisés

par Fabrice Pataut
Maud était nue, debout devant son van Dongen, le popotin ravi que tant de mains, la nuit, s’y soient intéressées. Celles, étonnamment calleuses, de monsieur Chaulet, tailleur au 9, rue d’Aboukir. Et puis son revendeur, un prélat, deux fakirs. Sans compter la femme très maigre du consul de France en poste à Tel Aviv qui, dans aucun kibboutz, ou si somptueux décor, ne vit jamais totor si choutz. Pas même à prix d’or. Et pas plus, prétendait-elle pour un sou glissé dans sa poche, lorsqu’autrefois son cousin, tailleur lui aussi, mais côté pair — au dix — et converti, rapportait de quoi faire grâce à deux Nègres revenus de Palmyre. Bons et purs, ils savaient intercéder pour que de jeunes messieurs en habit, le popotin tout aussi ravi que celui de Maud l’est aujourd’hui, fussent dûment fessés devant la même peinture de Kees, le beau géant hollandais. Autre temps, autres mœurs.
(Nouvelle inédite)