Le Passe Muraille

Simenon

En Pléiade, justice est rendue au moins « littéraire » des grands écrivains du XX siècle. En deux volumes: un choix représentatif de ses meilleurs romans,

par JLK

Georges Simenon fut longtemps snobé par une bonne partie du monde littéraire et académique, particulièrement en France. Les reproches majeurs qui lui étaient faits touchaient à sa prolixité et à la présumée platitude de son écriture. Etait-il concevable qu’un auteur produisant une moyenne de cinq à dix romans par année pût être autre chose qu’un marchand de soupe, et la « poésie » de Simenon ne se réduisait-elle pas qu’aux clichés d’une trop fameuse « atmosphère », dans laquelle se traînaient des « antihéros » interchangeables ?

A la décharge de ses juges les plus rigoureux, il faut relever le fait que toute la production de Simenon n’est pas d’égal intérêt, qui se subdivise en une première masse d’écrits alimentaires sans valeur littéraire (mais qui lui permit du moins d’apprendre son métier), à côté des romans semi-littéraires de la série Maigret et de ce qu’il appelait lui-même les « romans durs », parmi lesquels une bonne vingtaine au moins feraient aujourd’hui plus que jamais un Prix Goncourt mérité. Jamais gratifié de celui-ci, Simenon fut en revanche pressenti pour le Nobel de littérature au début des années 1960. Cette nuance éclaire la position d’outsider (assez ambigu par ailleurs dans ses prétentions) de l’écrivain par rapport au milieu littéraire parisien, et la reconnaissance « universelle » qu’il acquit indéniablement.

Donné par l’Unesco pour l’écrivain le plus lu au monde au vu du nombre de ses traductions, Georges Simenon ne manqua pas pour autant de susciter l’intérêt, voire la passion de lecteurs très exigeants du point de vue de la « pure » littérature, qu’il s’agisse d’André Gide, qui ne cessa de l’encourager et de le conseiller très finement, ou du très proustien Bernard de Fallois, qui fut à la fois son commentateur avisé, son éditeur et son ami. Dans la foulée, et même un peu tardive, la reconnaissance accordée aujourd’hui à son œuvre, à l’enseigne de La Pléiade, dans l’édition établie sous la direction de Jacques Dubois, assisté de Benoît Denis, réjouit à la fois par sa magistrale introduction, modèle d’équilibre critique et de clarté (rien à voir avec les gloses savantasses de certains pontes académiques), et par le choix opéré dans la masse de l’œuvre, qui propose une sélection de vingt et un romans (quelques-uns des meilleurs Maigret et les « romans durs » du premier rang).

L’artisan entrepreneur

Si Georges Simenon relève assurément du « phénomène » quant à son extraordinaire fécondité, sa façon très particulière de travailler, souvent comparée (et d’abord par lui-même) au labeur d’un artisan, autant que la « gestion » de sa carrière auprès des éditeurs, le classent également très à l’écart de l’homme de lettres moyen. Au début de leur introduction, les maîtres d’œuvre de la présente édition reviennent très précisément sur le rituel d’écriture du romancier, avant de décrire ses relations intransigeantes, voire tyranniques, avec ses éditeurs successifs, mais aussi sur la place qu’il occupe dans la littérature française de son époque, dans la filière d’un nouveau réalisme poético-existentiel qui l’apparente (plus ou moins) au premier Céline et préfigure certains romans de Sartre dans la mesure où « l’expérience existentielle de la médiocrité débouche sur un sentiment d’étrangeté qui confine à la folie et fait perdre aux héros les repères qui assuraient son rapport au monde et aux autres ».
Caractérisant très bien l’apport original de Maigret à la littérature policière de l’époque, (« un être compatissant qui, à travers un cas particulier, est confronté aux dysfonctionnements de la société ambiante »), Jacques Dubois et Benoît Denis montrent aussi son côté « petit entrepreneur typiquement paternaliste », qui ressemble si fort à son « père » littéraire.

Des « mots matière » au « passage de la ligne »

Cependant, le plus intéressant de cette présentation tient évidemment à la substance thématique de l’œuvre, bien plus riche qu’on ne le croit parfois, et d’abord à l’analyse du type très particulier d’écriture que pratique Simenon, rompant complètement avec le style « artiste » pour travailler une sorte de « langage-geste », comme l’entendait un Ramuz, restituant aux « mots-matière » une présence accrue. « La présence d’un morceau de papier, d’un lambeau de ciel, d’un objet quelconque, de ces objets qui, aux moments les plus pathétiques de notre vie, prennent une importance mystérieuse », précise Simenon lui-même dans L’âge du roman. Sans fioritures, le style de Simenon joue sur la modulation d’un ton et d’un rythme singuliers, avec des inventions maintes fois relevées, comme son usage très particulier de l’imparfait.

Quant aux thèmes de Simenon, les éditeurs en donnent un bel aperçu après avoir posé les notions fondamentales de l’ « homme nu » et du « roman-crise » préludant aux développements multiples d’une dramaturgie tragique où l’on voit un homme moyen, apparemment établi, rompre brusquement les amarres et se jeter dans une aventure solitaire et déréglée.

Pour attester la largeur de la vision « anthropologique » d’un Simenon à jamais réfractaire aux théories, mais chez lequel il y a du sociologue et du médecin, du psychologue et du « raccommodeur de destinées », les deux volumes de La Pléiade rassemblent, à l’exception bien admissible du monumental Pedigree, son roman autobiographique, les titres les plus représentatifs du génie du romancier.

A lire absolument …

De ses romans « à lire absolument », j’aurais cité pour commencer Lettre à mon juge, dont la vision tragique rappelle Dostoïevski, Le bourgmestre de Furnes et son tableau balzacien de la déroute d’un bâtisseur, L’homme qui regardait passer les trains et sa poignante fuite en avant, ou encore Les inconnus dans la maison et sa défense de la vraie justice.
Tous sont présents dans le premier volume, entre Le coup de lune et La veuve Couderc, autres merveilles. Le second s’ouvre sur La neige était sale, magistral roman « noir » de l’Occupation, et s’achève sur Les anneaux de Bicêtre, Le petit saint, que Simenon préférait entre tous, et Le chat dont on se rappelle l’adaptation au cinéma, plus réussie que d’autres. Mais assez d’un Simenon accommodé à toutes les sauces: le revoici dans le texte en constellation nimbée de brouillard moite…

Simenon à la russe. A propos du Bourgmestre de Furnes

Il y a quelque chose du médium chez Simenon. Sa façon d’entrer dans un personnage relève d’une espèce d’osmose physique et psychique qu’on pourrait dire neutre si elle ne relevait pas, aussi, d’un choix obscur et lucide à la fois. Dans le plus balzacien de ses livres, on sent cependant que Simenon est particulièrement attaché au bourgmestre et j’ai le sentiment qu’il dit pas mal de choses sur lui-même par le truchement de son personnage. C’est le type du self made man de la vieille école qui sait le prix de chaque chose et de tout effort. Il n’aime ni les bourgeois rassis ni les spéculateurs, étant lui-même devenu ce qu’il est par son seul travail après avoir gravi tous les échelons de la société. Pourtant la clef du personnage est ailleurs. Elle relève de la biologie. Le Baas est en effet confronté tous les jours à l’injustice fondamentale qu’incarne sa fille démente, enfermée comme une bête et qu’il sert avec une sorte de dévotion soumise. Or on ne le prend pas comme un symbole mais comme un fait courant de la vie. On ne peut ainsi qu’en dire, avec le populo: c’est la vie…

Un sombre drame

Ce roman « paysan » est sans doute l’un des plus sombres de la série que Simenon appelait les « romans de l’homme », dont la trame policière s’efface à peu près complètement derrière le drame humain, auquel s’ajoute certes, ici, le dénouement le plus dramatique.

Cela se passe dans l’âpre campagne de Vendée, par un automne pourri où le ciel rampe. Pendant que deux femmes, Joséphine Roy et sa fille Lucile, rangent des pommes dans le grenier de la ferme cossue dite du Gros-Noyer, un homme se fait renverser et abandonner sur la route proche, dans les poches duquel on découvre une grosse somme.

Qui est-il ? Que venait-il faire au Gros-Noyer ? Et de quelles relations embrouillées, de quels secrets de famille, de quels mensonges cet inconnu frappé d’amnésie va-t-il devenir le révélateur ? Parallèlement à l’enquête officielle (où le gendarme du titre ne joue qu’un rôle secondaire), le dévoilement progressif de l’énigme nous fait pénétrer dans un univers qui évoque Dostoïevski.

Par delà le déterminisme social et psychologique qui pèse sur les personnages, ceux-ci semblent en effet possédés par des forces qui les dépassent et les séparent. Aura-t-on jamais vu des parents aussi étrangers les uns aux autres ? En osmose avec ce monde de la terre, Simenon donne ici de son meilleur, comme dans L’Homme qui regardait passer les trains repris dans la même collection.

Simenon citoyen du monde

Si Georges Simenon parcourut le monde en tous sens, de la France profonde aux quatre coins de l’Europe, de l’Amérique à la Russie soviétique et de l’Afrique à Tahiti, il ne fut jamais un écrivain voyageur au sens où on l’entend de nos jours. C’est ce qui ressort clairement de la passionnante anthologie de reportages du jeune Simenon que Benoît Denis, directeur du Centre d’études Georges Simenon de Liège, a montée comme un grand film à thème, présentée et commentée avec autant de pertinence chaleureuse que d’objectivité lucide, dans la collection Voyager avec… dont chaque volume supplémentaire fait éclater les nouveaux clichés du voyage plus ou moins moutonnier.

Georges Simenon est un immense voyageur immobile, pourrait-on dire, à la fois curieux et lucide, impatient de voir les choses et les gens, aux antipodes du baroudeur romantique, convaincu que l’aventure n’a plus cours à l’ère des voyages organisés.

«J’ai horreur de l’observation», remarque-t-il même, non sans provocation, alors que rien ne lui échappe; mais plus que d’observation, c’est plutôt d’osmose qu’il faut parler à son propos: poreux comme personne, il sent les choses et les gens plus qu’il ne les détaille ou les «pense». Ce qui intéresse Simenon n’est pas la «merveille» du monde d’un poète à la Cendrars, ou le récit «épique» à la Kessel, ni non plus le reportage-témoignage documenté d’un Albert Londres. Dès son premier périple de six mois sur les canaux de France profonde, en 1928, qui fournira une mine d’observations au romancier futur, ce sont les gens ordinaires qu’il approchera au jour le jour.

Dès 1930, l’écrivain (indépendant mais déjà en vue) va financer des voyages de plus en plus importants en écoulant ses reportages entre quotidiens et magazines. Ses Escales nordiques (1931) paraîtront ainsi dans Le petit journal, que suivront, à un rythme effréné, L’heure du nègre (1932) et Europe 33, dans Voilà, Peuples qui ont faim (pays de l’Est et Russie soviétique), en 23 livraisons dans Le jour, ou encore Mare nostrum ou la Méditerranée en goélette (1934), dans Marianne, et L’Amérique en auto (1946), dans France-Soir. Ceci entre beaucoup d’autres séries de reportages, dont Benoît Denis caractérise utilement la «manière», le style (faussement naïf) et les obsessions récurrentes, de l’agonie d’un certain monde (d’une certaine France) à la recherche d’un humanisme universel, sans oublier son goût pour les bas-fonds, la vérité de la rue, le commerce de la femme…

Le Simenon voyageur est essentiellement romancier. La posture du reporter, privilégiant le détail et l’anecdote, exclut la pose de celui qui en sait plus. Sa découverte de l’Amérique des années pauvres ou de la calamiteuse vie quotidienne dans les pays de l’empire communiste n’est pas d’un idéologue mais d’un homme curieux de vérité, à qui «on ne la fait pas».

Sans poser au vertueux, souvent sarcastique, il montre le colonialisme en Afrique autant que la calamiteuse arriération du «nègre», la morgue capitaliste en Amérique, la terreur latente et la famine en URSS.

Ne lui importent que les constats et les faits portant sur l’état de tel pays ou le sort de tel individu. La différence l’intéresse moins que la ressemblance et plus il va, plus il voit partout le même homme, qu’il appellera l’«homme nu». Celui-ci sera le personnage omniprésent de ses romans non-Maigret, qu’il commence d’ailleurs à publier au début des années 1930 en passant chez Gallimard.

Nourris de ses pérégrinations, ces «romans de l’homme» seront irradiés par une profonde empathie humaine, alors que ses reportages sont d’un témoin plus «objectif», critique voire polémique. Benoît Denis est le guide avisé de ce voyage «à travers Simenon», à vivre par tous les temps d’un été à crachin…

Simenon « filé » par Assouline

Georges Simenon n’aimait pas qu’on le taxe de phénomène. Cependant il fut le premier à tout faire pour imposer cette image en jouant, notamment en ses années folles, sur la plus extravagante publicité. Les Lausannois se rappellent l’humble vieux monsieur cheminant, au bras de sa compagne Teresa, le long des quais d’Ouchy. Mais précédant cette image apaisée, les écoliers dont nous fûmes se souviennent du bourgeois cossu venant cueillir ses gosses en Rolls à la sortie du collège de Béthusy. La bâtisse fantomatique d’Epalinges perpétue en outre, avec son étrangeté morbide, la mémoire d’une destinée exceptionnelle. A la fin de sa vie, Simenon n’aspirait qu’à l’effacement d’un homme «comme les autres», et le meilleur de son œuvre tend à révéler «l’homme nu» sous les masques et les fards de la comédie sociale.

Or à celle-ci, le romancier se prêta frénétiquement. Et phénomène il fut sans doute, lui qui, par exemple, durant la seule année 1938, publia 13 romans, et non du tout de son répertoire «folâtre»… De surcroît, après avoir cessé d’écrire des romans, comme il l’annonça dans ce journal par l’entremise de notre confrère Henri-CharlesTauxe, en février 1973, Georges Simenon continua de faire du roman avec sa propre vie, que ce fût dans ses Dictées ou dans ses Mémoires intimes après la mort tragique de sa fille. Lorsqu’il claironnait à son ami Fellini, dans un entretien célébrissime datant de 1977, qu’il avait couché avec quelque 10 000 femmes dans sa vie depuis l’âge de 13 ans et demi, Simenon ne faisait enfin qu’ajouter une affabulation de plus à une légende sans cesse réarrangée par son imagination de romancier. Ceci dit, Georges Simenon n’était certes pas qu’un monstre de foire, et ceux qui réduisaient son génie d’écrivain à une sorte de curiosité de la nature, méritaient sans doute son indignation. Pétri de contradictions, et pataugeant volontiers dans l’auto-justification, il ne pouvait, à vrai dire, établir son propre portrait sans en gauchir les traits.

Jusque-là cependant, nul de ses (rares) biographes n’avait vraiment débrouillé l’écheveau de sa vie et de son oeuvre, faute d’accéder à toutes les sources et faute aussi de méthode ou de moyens. Mieux armé que ses prédécesseurs, Pierre Assouline (qui a déjà cinq biographies de premier ordre à son actif, dont celle de Gaston Gallimard) a non seulement obtenu, du vivant de l’écrivain, le libre accès aux archives personnelles considérables de celui-ci, et le droit de «tout lire» et «tout dire»: il a fait œuvre vivante et chaleureuse mais sans complaisance.

Mêlant l’enquête sur le terrain et l’interview des témoins directs, l’étude génétique des écrits de Simenon et le décryptage du courrier inédit et d’une immense documentation journalistique, Assouline a recomposé en quatre parties localisées (Belgique, France, Amérique et Suisse) marquées par quatre femmes (la mère, les deux épouses successives, puis la dernière compagne), un récit tout à fait captivant, franc quoique sans voyeurisme, et qui éclaire quelques zones demeurées obscures, voire tabou.

Tension et frénésie

Dès l’évocation des années liégeoises de Simenon — qui s’ouvre sur la scène très simenonienne de l’enfant de chœur de 8 ans courant servir la messe dans le matin nocturne plein d’odeurs de chocolat et de genièvre, de laitages et de poisson — Piere Assouline marque fortement les tensions antinomiques qui vont déterminer toute une vie. D’un côté, c’est le père aimé, pudique et trop discret, dont la mort blesse cruellement son fils Georges, et qui restera jusqu’à la fin «l’astre de sa nostalgie». De l’autre,c’est le conflit avec la mère, «femme angoissée, hypersensible et hypernerveuse, hantée par le spectre de la pauvreté», qui ne sera jamais résolu, comme en témoigne la terrible Lettre à ma mère.

Connues des lecteurs de Simenon, ces relations s’enrichissent, dans un chapitre ultérieur, par la levée d’un tabou de famille lié à la figure du frère cadet, qui bascula dans le fascisme pendant la guerre et se sauva de la peine de mort en s’engageant dans la Légion étrangère. Autre tabou enfreint par Assouline à propos de la carrière journalistique de Simenon: la série de dix-sept articles sur le «Péril juif» qu’il écrivit dans les colonnes de la Gazette de Liège à l’âge de 18 ans (!), probablement sous influence. Dans le même journal en effet, un articulet anonyme de l’époque n’hésitait pas à réclamer «l’élimination physique de cette race maudite». Or c’est avec beaucoup de discernement et d’objectivité que le biographe examine le fondement des articles de Simenon et s’attache ensuite à repérer, dans ses romans ultérieurs, les traces de ses préjugés antisémites.

De la même façon, Pierre Assouline rétablit la vérité peu glorieuse sur l’attitude opportuniste de Simenon pendant l’Occupation, quitte à battre en brèche la version enjolivée des mémoires de l’écrivain.

Sans juger

Cela étant, le biographe applique à la lettre la devise de Simenon, qui est de: «Comprendre et ne pas juger.». Sans doute y a- t-il,chez Simenon, bien des aspects déplaisants, à commencer par le monstrueux égoïsme dont pâtiront ses proches. Or comment sa prodigieuse fécondité pourrait-elle s’accommoder d’un partage altruiste? Par ailleurs, sa boulimie sexuelle (il lui arrive de courir trois fois au bordel le même jour, quand il en a les moyens…) et la manière dont il trompe ses épouses a de quoi choquer es bonnes âmes. Mais comment ne pas entrevoir les gouffres que cela signifie et comment ne pas ressentir, aussi, de la compassion pour cet homme provoquant lui-même son malheur?

Ainsi de l’issue tragique de sa mésentente avec sa deuxième femme, qui pousse sa fille Marie-Jo au suicide et qui fait dire au biographe que «cet homme qui aura toute sa vie recherché l’amour que sa mère lui refusait, aura finalement été envahi et débordé par celui que sa fille lui témoignait». Habitant alors à un jet de pierre de l’horrible bunker d’Epalinges, aurons-nous jamais imaginé quelles épouvantables scènes s’ydéroulaient!

Grand romancier et petit homme, alors? La formule serait beaucoup trop sommaire. Bien plutôt: mélange inextricable de grandeur et de sordide chez ce personnage protéiforme capable du pire arrivisme et de la plus touchante modestie, tantôt bluffeur insensé et tantôt fils de son père, tantôt fuyant les gens de lettres et tantôt s’inquiétant de leurs jugements, tantôt lucide jusqu’à l’effroi et tantôt se jouant la comédie, violent et fraternel, sans cesse déchiré par un conflit d’origine, et ne trouvant qu’à la fin de sa vie un semblant de sérénité, Simenon l’humain et le trop humain.

Georges Simenon. Romans I (1493 pp.) et II (1736 pp.).
Edition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis. Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade.

Album Simenon. Iconographie choisie et commentée par Pierre Hebey. Gallimard 317 pp.

Georges Simenon. Le rapport du gendarme. Folio policier, 185pp.

Georges Simenon, Les obsessions du voyageur. Textes choisis et commentés par Benoît Denis. La Quinzaine/Louis Vuitton, coll. Voyager avec…, 313p.

Pierre Assouline, Simenon. Editions Julliard, 753 pages.

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