Le Passe Muraille

Reconnaissance à François Cheng

À propos de l’entrée du poète et écrivain chinois à l’Académie française,

par JLK

François Cheng, qui vient d’être désigné pour succéder, à l’Académie française, à Jacques de Bourbon-Busset, ne savait pas un mot de notre langue lorsqu’il est arrivé en France, en 1949, juste âgé de 19 ans; mais on précisera qu’il avait déjà, en sa jeunesse, une très vaste connaissance des littératures européennes en général et française en particulier.

S’il considère comme « un honneur immense » d’être accueilli dans la vénérable institution, le moins qu’on puisse dire est que cette reconnaissance est amplement méritée. De fait, après des années de très rude effort d’assimilation, dans un complet dénuement, le boursier devenu exilé s’est intégré à l’Institut des hautes études, où il côtoya Roland Barthes, Julia Kristeva et Jacques Lacan, avant d’accomplir une carrière de professeur à l’Université. Parallèlement, et dès les années 70, il commença de publier des ouvrages de sémiologie portant à la fois sur la poésie (L’Écriture poétique chinoise. Seuil, 1977) et sur le langage pictural chinois (Souffle-Esprit. Seuil, 1989 ; suivi de Vide et plein. Seuil, 1991).

Passeur de la culture française en Chine (il a signé de nombreuses traductions d’écrivains et de poètes français), il le fut également dans le sens inverse, avec plusieurs anthologies dont un recueil de Poésie chinoise (Albin Michel, 2000) illustré par des calligraphies magnifiques de Fabienne Verdier.

Se définissant lui-même comme un « poète de l’être », proche en cela d’un Rilke, François Cheng a publié quelques recueils (notamment De l’arbre et du rocher chez Fata Morgana, en 1989, ou Quand les pierres font signe, Voix d’encre, 1990-1997), mais c’est avec le roman qu’il a accédé, récemment, à une notoriété beaucoup plus large.

Le Dit de Tianyi (Albin Michel, 1998), couronné par le Prix Femina, fut écrit dans l’urgence et cristallise une matière existentielle marquée par la tragédie contemporaine, tandis que L’éternité n’est pas de trop (Albin Michel, 2001) nous ramène à l’époque de la décadence des Ming, où l’auteur reprend le thème qui le hantait depuis longtemps de la passion tardive. Cet été, à la courbe de la rivière, vous serez enchanté par la lecture de ce grand roman d’amour pur et mélancolique, combinant les mythes de Roméo et Juliette et de Tristan et Iseult…

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