Le Passe Muraille

Dans les gorges du Dadès

 

Coureur échappé 

Des bruits et bavardages de la cité

Tu ne tolères plus aucune autre autorité

Que celle de la roche sédimentaire 

Et des vagues de roses anonymes du Dadès

 

Élève soldat ou salarié 

Les consignes ont un goût de prédation

De la tristesse des gestes conformes

De l’irritation des voix partisanes

Gang et antigang de l’absurde

Dans l’attente qu’ils s’éliminent l’un l’autre

Jusqu’au premier des renégats

Au nom du dogme et de l’intérêt

Pour quelques sous volés ou mérités

De nécessité ou de confort illusoire

Tu t’arraches

 

Croisés ici et là en témoins rares

D’une résistance intime et silencieuse

Aux abords du ruisseau magnétique

Des regards berbères à l’amitié sauvage

 

Tu n’auras joué que pour séduire et provoquer

T’assurant du contrôle d’une puérilité rebelle

Mine d’inspecteur et cœur de voyou

La feuille d’un arbre inconnu sur l’épaulette

Pas de sympathie manifeste 

Sauf pour quelques écorchés de passage

Partageant la même dérision désespérée

 

Nausée de touristes et ennui de bourgeois-bohèmes

Inclassable comme la bête amusante

Tu ne te réclamerais de rien ni de personne

D’aucun rang et d’aucune littérature

Sauf des signes laborieux sur la pierre

Sortant discrètement de leurs programmes

Pour un peu d’air embaumé

Dans les gorges du Dadès.

 

(Poème inédit de Rorik Dupuis Valder)

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