Dans les gorges du Dadès
Coureur échappé
Des bruits et bavardages de la cité
Tu ne tolères plus aucune autre autorité
Que celle de la roche sédimentaire
Et des vagues de roses anonymes du Dadès
Élève soldat ou salarié
Les consignes ont un goût de prédation
De la tristesse des gestes conformes
De l’irritation des voix partisanes
Gang et antigang de l’absurde
Dans l’attente qu’ils s’éliminent l’un l’autre
Jusqu’au premier des renégats
Au nom du dogme et de l’intérêt
Pour quelques sous volés ou mérités
De nécessité ou de confort illusoire
Tu t’arraches
Croisés ici et là en témoins rares
D’une résistance intime et silencieuse
Aux abords du ruisseau magnétique
Des regards berbères à l’amitié sauvage
Tu n’auras joué que pour séduire et provoquer
T’assurant du contrôle d’une puérilité rebelle
Mine d’inspecteur et cœur de voyou
La feuille d’un arbre inconnu sur l’épaulette
Pas de sympathie manifeste
Sauf pour quelques écorchés de passage
Partageant la même dérision désespérée
Nausée de touristes et ennui de bourgeois-bohèmes
Inclassable comme la bête amusante
Tu ne te réclamerais de rien ni de personne
D’aucun rang et d’aucune littérature
Sauf des signes laborieux sur la pierre
Sortant discrètement de leurs programmes
Pour un peu d’air embaumé
Dans les gorges du Dadès.