Le Passe Muraille

Cendrars et Raymone au paradis

 

En 2001, Miriam Cendrars évoquait l’après-guerre prolifique de l’écrivain…

À Aix-en-Provence, où il s’était retiré en 1940, solitaire et silencieux, Blaise Cendrars, en 1943, reprend espoir, plume et machine à écrire.

Jusqu’en 1949 il travaillera, sans discontinuer. Sept années pour produire une suite de quatre oeuvres torrentielles, 1945 : L’Homme foudroyé, 1946 : La Main coupée, 1948 : Bourlinguer. En 1949, enfin, il dévoilera son âme : Le Lotissement du ciel.

En 1948, Raymone, ayant quitté Paris, est venue rejoindre Blaise. Ils vont s’installer à Villefranche-sur-Mer, tout en haut, au milieu d’un parc exotique —palmiers, cactus, agaves, figuiers, oliviers — dominant la rade scintillante. Tous les matins l’âne Didier vient braire devant leur fenêtre pour demander son avoine et dans les arbres chantent les oiseaux et dans les fourrés glissent les serpents.

Blaise et Raymone la main dans la main sont au seuil d’une vie nouvelle, pacifiés.

Peut-être, dit Blaise, si Raymone avait tardé, serais-je entré à la Trappe. Mais son lieu de méditation sera là-haut, à Saint-Segond, un paradis terrestre.

Là. À côté de la machine à écrire, il place sur sa table un de ces dossiers où s’accumulent titres à venir, notes en raccourci, mots imprévus, phrases tronquées. Et des poèmes inédits.

Miriam Cendrars

(Le Passe-Muraille, No 51, Décembre 2001)

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