Le Passe Muraille

Au bar des frères humains

À propos de Friterie-Bar Brunetti de Pierre Autin-Grenier,

par Pascal Ferret 

Il est des lieux, qui n’ont rien d’académique, où l’on en apprend plus, sur la vie en général et l’humaine engeance en particulier, que dans aucune Haute Ecole, et c’est par exemple la rue, comme l’a dit et répété un Walter Benjamin, ou c’est le bistrot, le bar, le troquet, le café de l’Univers, tels que les ont célébrés un Italo Svevo ou un Thomas Bernhard, un Georges Haldas ou un George Steiner et, dans ce petit livre tendrement teigneux, ce pilier de la mythique Friterie-Bar Brunetti qu’est Pierre Autin-Grenier, cousin lyonnais de Louis Calaferte et frère occulte des bohèmes patachons à la Miller, Cendrars et autres Delteil.

Poète à la truculence douce-acide (ses Radis bleus, repris en Folio, sont à déguster avec un doigt de beurre vert), Pierre Autin-Grenier brosse ici une galerie de portraits (Madame Loulou la bienfaitrice des « éclopés de Cupidon », Raymond l’ancien d’Indochine, Domi le cantonnier, Ginette la Reine Mère et l’on en passe) dont les « gueules » ne se bornent pas au pittoresque mais évoquent l’humanité de partout.

La nostalgie du ronchon magnifique est ce qu’elle a toujours été : c’est du bon jeune temps libertaire des années 60 finissantes qu’il s’agit ici précisément, mais il s’attable à la fin au Bar de l’Espérance et les « petits Rimbaud » sont conviés…

Pierre Autin-Grenier. Friterie-Bar Brunetti. Gallimard, coll. L’Arpenteur, 97p.

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