Le Passe Muraille

Après le désastre

À propos de Fukushima, récit d’un désastre, de Michaël Ferrier

Comment dire la triple catastrophe du tremblement de terre, du tsunami et des explosions de centrales nucléaires qui se succédèrent, il y a un an de ça, dans la région japonaise du Tohoku, dont le seul nom de Fukushima (étymologiquement «Pile de la Fortune»…) symbolise la tragédie ? La réponse est dans ce « récit d’un désastre » de Michaël Ferrier, déjà connu par quelques livres remarquables pour leur qualité d’écriture et l’originalité des observations portées par l’auteur sur le Japon.

Or ce livre se trouve comme ressaisi par un nouveau souffle. En écrivain puissant, l’auteur décrit le tremblement de terre au fil de pages saisissantes, de même qu’il évoque admirablement le déchaînement des eaux et du feu nucléaire. Et puis c’est en homme solidaire qu’il se porte à l’écoute des rescapés dont les témoignages sont parfois à pleurer, souvent aussi à hurler de rage en constatant l’omertà entretenue autour du nucléaire. A fines touches extrêmement incisives et sensibles, où l’horreur approchée fait d’autant mieux ressortir la merveille de vivre Michaël Ferrier achève son récit par une réflexion à valeur universelle intitulée La demie-vie, mode d’emploi: «La demi-vie nucléaire: une mort à crédit. Une longue existence de somnambule, toute une vie dans les limbes». Inutile d’ajouter que Fukushima plaide pour la vie rendue à sa beauté et à sa fragile plénitude, contre la domestication consentie.

JLK

Michaël Ferrier. Fukushima, récit d’un désastre. Gallimard, 2012, (L’Infini) 262 p.

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