Le Passe Muraille

Pour mémoire

 

Notes inédites de Richard Aeschlimann

 

(Dessin Richard Asechlimann)

 

Lorsqu’on finit par aimer jusqu’à nos infirmités, c’est alors qu’il est trop tard pour guérir.

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Aujourd’hui comme hier, rien n’a changé: lorsque je vois quelqu’un d’âgé, il me semble vieux. Et pourtant hier j’avais vingt ans, aujourd’hui j’en compte un peu plus de cinquante.

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Peut-être est-ce à cause du prix toujours plus exorbitant qui est exigé à l’entrée de l’enfer, qu’impuissants, nous constatons un nombre croissant de resquilleurs.

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Vous l’avez remarqué: lorsqu’une personne saute dans le vide, elle s’élance d’abord vers le haut.

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Nous ne sommes jamais assez nombreux pour parler de solitude.

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En gros, c’est à partir de cinquante ans que notre cerveau tente des choses nouvelles, comme des sortes de greffes d’oubli. Le plus souvent cela fonctionne assez bien; d’autres fois, c’est un échec: rien ne se passe, de lacunes en inattentions, il oublie ses tentatives d’effacement.

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Le jour n’est pas le contraire de la nuit. C’est un moment de la nuit, mais éclairé par les rayons du soleil.

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N’être riche que d’argent peut être déjà un bon départ !

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Ce n’est rien que de se perdre; revenir, voilà ce qui est le plus difficile.

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Il ne sert à rien de briser les verres remplis d’eau dans lesquels nous ne désirons pas nous noyer. Il faut les boire !

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Combien de jeunes, partis pour la gloire, se sont arrêtés dans des chambres à coucher ?

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Pourquoi les appels au secours ne sont souvent que des murmures ?

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Le prix de la liberté ne peut être discuté que par ceux qui en ont été privés.

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Ne pas tenir compte de l’avis des autres est peut-être le signe d’un fort caractère, mais pas forcément un signe d’intelligence.

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Les girouettes qui ne se tournent pas dans le sens du vent ne font pas de vieux os.

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Entrer en religion se fait sans frapper.

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Regarder avec les yeux des autres, c’est s’assurer de ne rien voir.

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Aussi profondes que furent ses réflexions, c’est toujours à la surface qu’il se noyait.

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C’est un homme qui n’avait qu’une idée en tête, et vu la grandeur de son cerveau il faut bien avouer qu’il n’y aurait jamais eu assez de place pour une deuxième idée.

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Lorsque les gros se mouillent, les petits se noient.

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Quelquefois, les questions survivent aux réponses.

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Il y a des gens qui habitent plus près de leur âme que d’autres !

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Evoquer des «petits plaisirs», c’est un peu comme réduire les dimensions de la lune à son reflet dans l’eau.

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Affirmer, et avec raison, ne provient souvent que des personnes peu sûres d’elles-mêmes.

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Les constructions mentales étonnantes, complexes, et qui atteignent des hauteurs vertigineuses, engendrent facilement une phobie envers les tremblements de terre.

(Dessin Richard Aeschlimann)

L’esprit de corporation mis à part, existerait-il autre chose qui explique que l’on ne se suicide pas dans une société d’assassins ?

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Il arrive parfois que le public ne survive pas aux trop nombreuses représentations d’adieu d’un artiste.

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Dans une démocratie malade, les «vrais» élus restent sans voix.

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Plus les erreurs sont rares, plus elles paraissent exhaustives.

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A qualité et politesse égales, disait mon grand-père, je choisi celui qui a les souliers cirés.

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C’est facile de trouver des idées, encore faudra-t-il attendre une année et un jour avant de se les approprier.

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Ce sont les souvenirs les plus doux, tendres, extrêmement timi-des qui se réfugient dans les trous de mémoire.

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Dans ce monde même les ombres ont tendance à s’agrandir démesurément, pour se donner l’importance qu’elles n’ont pas.

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Il faut beaucoup aimer les êtres pour ne vouloir vivre qu’avec un seul d’entre eux, pour toujours.

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Dieu, ayant fait l’homme à son image, se perdit dans la foule.

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Si j’énonce les chiffres de un à mille, ce n’est pas mille mais un qui est essentiel.

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Faites-vous oasis et vous verrez le désert se former autour de vous !

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Même ceux qui tendent la joue gauche après avoir reçu une gifle sur la joue droite, pardonnent plus facilement pour la première gifle que pour la seconde.

R. A.

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