Le Passe Muraille

Heurs et bonheurs d’un éditeur

Pages d’un journal de Michel Moret, 

par Raphaël Aubert

Michel Moret, qui est l’éditeur que l’on sait depuis plus de trente ans à la tête de l’Aire, avait déjà publié il y a quelques années un livre attachant, Feuilles et racines (2003), récit autobiographique dans lequel il revenait sur son enfance, ses années de formation et l’aventure de sa maison d’éditions.

Beau comme un vol de canards en prend la suite, cette fois sous la forme d’un journal. Cent jours dans la vie de son auteur du 9 octobre 2006 au 19 janvier 2007. Moret y consigne les réflexions nées de ses lectures, souvent des relectures d’ailleurs (pêle-mêle Malraux, Tchekhov, Renan, le philosophes taoïstes, André Bonnard), ses rencontres avec ses auteurs, une ballade dans les vignes, un repas partagé, les soucis aussi que lui causent l’avenir de l’édition en Suisse romande.

On y découvre, ou redécouvre pour ceux qui ne connaissent pas cet autodidacte mû par sa seule passion, quel amour Moret porte au livre. Combien les livres le font vivre et le maintiennent debout avec l’amitié, l’autre passion de sa vie. Son étonnante indépendance d’esprit aussi, par rapport à ses auteurs; Moret ne retiendra jamais quiconque veut aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Nulle jalousie chez lui, nulle rancune. Moret est un homme libre dont la révolte face aux horreurs du monde demeure intacte.

On comprend mieux dès lors son peu de goût pour le marketing, l’éditeur de l’Aire croyant tout simplement à la seule force des livres, «beaux comme un vol de canard». En même temps, se devine sous sa plume une forme de détachement, une aspiration nouvelle peut-être à l’allègement. Un joli petit livre en forme d’hymne à la littérature dans lequel passe – c’est tellement rare! – un beau souffle d’ouverture et de liberté.

R.A. 

Michel Moret, Beau comme un vol de canards. L’Aire, 2007

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