Le Passe Muraille

À Jean Cocteau

 

Poème inédit de Fabrice Pataut

J’ai cru sentir Léone ce soir dessous ma table,

Vos cheveux gris portaient les traces d’un mouton.

Ce n’était que l’écume qui passe au bord du sable,

La nappe qu’on dessine en froissant l’amidon.

Le beau cycliste Azur vous tenait par la main,

Son nez au vôtre égal dans sa courbe assurée.

L’épée, le pédalier, debout tôt le matin,

S’avançaient doublement, pendant à vos côtés.

Et de petits cailloux par devant les sandales

Imitaient la crécelle qui gêne les passants.

Les théâtres fermés, les parents, l’aube pâle,

C’était après le meurtre, à l’heure des croissants.

La fanfare était là, Darius ouvrait le bal,

Le col noir, l’œil inquiet, les lèvres à demi-closes.

Un son mat et puissant, si dur qu’il faisait mal,

Glissait vers l’avenue en robe de soie rose.

Mais vous chantiez la guerre et le fer des obus,

Couché sur le tapis, derrière les volets.

Il a suffit d’un cor et d’un chien pour que fut

Donné même sans chasse l’espoir d’une curée.

 

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