Voyages dans le temps et l’espace
Trois livres illustrant la vitalité et les charmes de la littérature jeunesse,
par Sophie Kuffer
Ce qui me fascine dans la littérature jeunesse ce sont les infinies possibilités qu’ont les auteurs, les illustrateurs pour parvenir à leurs fins. Les plus jeunes se voient offrir des ouvrages qui regorgent des trucs et astuces imaginés par les créateurs, enfants éternels, pour faire briller leurs yeux: collage, photomontage, gravure, peinture, humour et poésie…
Jalousie… Peut-être, je me plonge avec avidité dans les pages de ces livres aux cou-leurs chamarées et vous raconte les trois histoires qui m’ont touchée, en cette fin d’année. Ma curiosité du passé a été avivée par Sophie aux temps des Cerises, qui nous transporte, non seulement, à Paris à l’heure de la Commune, mais aussi aux portes de l’atelier du grand Nadar. Presque un roman-photo, mêlant les portraits d’époque, aux scènes de rue d’alors, aux peintures retraçant les événements, aux traits ajoutés pour rendre vie aux personnages, le lecteur sent ce temps revivre à travers les yeux de Sophie, de son amour d’enfant pour Paul Nadar, ou de son désir de liberté emmené par Louise Michel. Au son du Temps des Cerises, Sophie suit sa route, quittant une France injuste, elle part vers de nouveaux horizons, avec, toujours, l’espoir d’une vie meilleure. Moderne et émancipé!
La Fleur du mandarin, conte de Bahiyyih Nakhjavani, relève d’une poésie mélancolique tout orientale, nous emmenant à la poursuite du désir et de son assouvissement. Sommes-nous condamnés à satisfaire nos envies pour amé-liorer notre existence? Parmi les mandarins, il en est un qui possède l’un des jardins les plus beaux du monde. Riche de cette particularité, il est attiré par le plus beau parfum du monde mais lorsqu’il en trouve la fleur, celle-ci renverse son destin. «La fleur des chagrins» a comblé son désir comblé mais le mandarin ne peut que pleurer, pris au piège comme l’avait été la jolie concubine qu’il a libérée. À méditer…
D’Orient passons en Afrique où L’Enfant qui mangeait des margouillats, sorte de lézard, vous contera comment il aida son ami reptile à retrouver la mémoire. D’où il venait, qui il était et où il allait, sa terre, son temps, la vie et la mort, la joie de vivre…
Tout au long de leur chemin aux sources de la vie et de ses vérités, l’enfant, qu’on appelle le Vieux en souvenir de son grand-père, et le margouillat redécouvrent les traditions qui font la richesse des peuples d’Afrique. Art décoratif, dégustation du thé, danses et chants, Mercè López réussit à restituer les couleurs, la chaleur, l’énergie qu’elle a découverts en Afrique. Bon voyage!
S.K.
Béa Deru-Renard, Sophie au temps des Cerises, l’École des loisirs, 2009, 47p.
Bahiyyih Nakhjavani, La Fleur du mandarin, illustrations de Sandrine Thommen, Actes Sud Junior, 2009, 39p.
Mercè López, L’Enfant qui mangeait des margouillats. L’École des loisirs, 39p.