Le bâton de route
Né en 1929 à Berne, installé à Paris depuis des décennies, Paul Nizan est l’auteur d’une oeuvre inclassable, où le texte semble à la fois accompagner le passage du temps et en consigner les frémissements, voire les séismes.
Dans un de ses premiers livres, intitulé Canto (1963), il exprimait en quelques phrases une vocation à laquelle il n’a pas dérogé quarante ans plus tard. A la question qu’avez-vous à dire, il répondait alors : « Rien, si ce n’est cette passion au bout des doigts : écrire, former des mots, des lignes, cette espèce de fanatisme de l’écriture qui est mon bâton de route et sans lequel, pris de vertige, je m’écroulerais purement et simplement. Ni thème de vie, ni thème littéraire, matière seulement qu’il me faut, par le moyen de l’écriture, consolider, afin qu’il existe quelque chose sur quoi je puisse poser les pieds.»
Au fil des publications, il est devenu un des maîtres de la prose allemande, et aussi un de ceux, rares, qui élèvent «l’autofiction» au rang de l’art. L’essentiel de ses écrits est réuni dans un volume de la collection Thesaurus chez Actes Sud (1997).
Quant au texte que nous publions, il est extrait d’une première tranche du monumental journal de Paul Nizon, en cours de traduction.
René Zahnd