Le Passe Muraille

La folle aventure de l’Encyclopédie

À propos de la rencontre de Pierre Versins et de Vladimir Dimitrijevic, à l’origine de L’Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction.

Vladimir Dimitrijevic a raconté, dans un livre dirigé par Martine Thomé et publié par l’Age d’Homme en 2003 en hommage à Pierre Versins – Il venait de Céphée, il s’appelait Versins — sa rencontre avec le « pape de la SF » qui est à l’origine de la création du musée de la science fiction, la Maison d’Ailleurs à Yverdon-les-Bains. Il rapporte que l’une de ses premières rencontres, lorsqu’il est arrivé à la librairie Payot en 1964, fut celle de Pierre Versins. Et qu’en compagnie de celui-ci, utopie et science fiction étaient devenus « une véritable passion ». Les deux compères occupaient leur temps libre à rechercher des ouvrages introuvables dans les lieux d’occasion les plus divers et à parler de ce sujet.

« Il se peut que la première approche de la profession qui deviendra ensuite la mienne fut le lancement de la revue Bief (Bureau international de l’Etude du futur), un fanzine où la plupart des articles étaient signés P.V. » Par cet aveu, la création des éditions L’Age d’Homme semble quelque part liée à l’amitié que Vladimir Dimitrijevic portait à Pierre Versins. En 1968, « avec la persistance d’une idée folle », Dimitrijevic promet à Versins de publier un livre « dont il formerait les contours à sa guise ». S’appuyant sur une équipe de collaborateurs — dont le jeune Jean-Louis Kuffer — l’Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages extraordinaires et de la Science Fiction sort de presse très exactement le 8 novembre 1972, « six ans jour pour jour après la fondation de l’Age d’Homme ». 3 kg 200, 997 pages, 981 illustrations, cet ouvrage monumental, « le livre le plus invraisemblable qu’il nous ait été donné de publier », est l’oeuvre d’une vie. Celle d’un autodidacte génial et doué qui aura révélé un domaine, stimulé les recherches et accru la diffusion de la science fiction. C’est un livre absolument unique, qui retrouve le charme et la subjectivité d’un Pierre Larousse dans la première édition de son dictionnaire au XIXe Pour que cette oeuvre voie le jour, il fallut un éditeur assez visionnaire et assez fou pour se lancer dans l’aventure. Mais ce que Vladimir Dimitrijevic ne dit pas, c’est que la publication de l’Encyclopédie de Versins faillit mettre un terme prématuré à sa jeune carrière d’éditeur, les engagements financiers étant importants. Le succès de l’Encyclopédie vint heureusement récompenser l’audace de l’éditeur…

Jean-François Thomas

Pierre Versins. L’Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages extraor-dinaires et de la Science fiction, L’Age d’homme, 1972, 997 p.

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